ECRIVONS EXERCICE D'ECRITURE PART 11
Premier chapitre sans contrainte, sans vos mots.
Pas facile, facile, clairement pour moi la contrainte est vraiment constructive !
Promis, le prochain exercice sera collaboratif, si ça intéresse encore quelqu'une par ici.
Voici mon 11ème chapitre de l'histoire de Jeanne !
Jeanne savoure ce moment volé à cette folle première semaine de travail à Ouistreham.
Assise sur un banc, face à la mer, dos au Casino, elle respire à plein poumon et laisse son regard vagabonder le long de l’horizon.
Décharger l’intensité des 5 jours passés, pour mieux accueillir le week-end à venir qui promet d’être aussi tumultueux.
Une semaine épuisante mais enthousiasmante à « construire » le Tiers-lieu. Rechercher des partenaires : l’Etat, la Région, le Département. Aller à la pêche aux subventions. Définir les travaux nécessaires. Valider le budget. Choisir des artisans fiables. Dénicher le bon interlocuteur et travailler en bonne intelligence avec la mairie. Prévoir de s’inscrire dans le réseau FRANCE Tiers Lieu. Réfléchir aux embauches indispensables pour faire fonctionner le lieu avec elle et sa sœur. Trouver des bénévoles. Déterminer les différents pôles d'activités : Répar’Café, Ateliers d’Artistes et d’Artsanes, espace de coworking, fablab, salle de conférences , salles de cours, un café poussettes, un magasin alternatif.
Elles ont sans doute oublié mille choses mais ces prémices sont prometteuses. Les deux sœurs travaillent de concert et sans heurts. C’était loin d’être gagné avec ces deux caractères de cochon !
Jeanne pouffe de rire à cette pensée.
Elle chuchote sans doute plus fort qu’elle ne le pense :
« Et avec l’arrivée de Rebecca demain, on se promet de belles discussions avec ma tête de mule de fille ! ».
Elle réalise subitement qu’elle a parlé à haute voix. Elle devient rouge pivoine en découvrant Noël LUTIN, tout sourire qui s’approche d’elle.
« Vous parlez aux mouettes Jeanne ? Sont-elles de bonnes compagnies ? » la questionne-t-il sans ironie.
« Désolée, j’étais subjuguée par l’horizon, je me pensais seule au monde », marmonne Jeanne, honteuse.
« Ne vous excusez pas, je me parle à moi même très souvent, comme ça je suis certain d’avoir raison ! Demandez à ma fille ! » s'exclame Noël LUTIN en se retournant vers une adolescente au même regard océan. Mais la jeune fille se contente d’une moue boudeuse totalement raccord avec son âge rebelle.
« Alors cette installation, Jeanne ? Votre appartement vous plaît ? »
« Il est parfait, j’y suis très bien ! Demain, ma fille arrive, nous allons nous mettre en chasse d’un appartement pour elle et son conjoint. »
« Alors c’est Maxime, mon collaborateur, qui se chargera des visites, nous partons au ski avec ma fille dès demain matin. Bonnes recherches Jeanne ! » s'époumone-t-il déjà en marche, poussé à l’action par une ado qui commence sérieusement à être désagréable!
« Pourquoi dois-je toujours me ridiculiser devant cet homme ? Se lamente Jeanne… de toute façon, il a une ado et revêche en plus ! ».
Jeanne réalise que la plage s’est dépeuplée et qu’il est temps de regagner ses pénates. Elle salive déjà en pensant au reste de brandade qu’elle va déguster ce soir. Quelle bonne idée elle a eu de préparer ce plat, l’un des préférés de son mari. En le dégustant, lui sont revenues ces grandes tablées familiales et amicales si joyeuses, à Tours, alors qu'Eric était encore là. Elle s’est surprise à être heureuse de ces souvenirs, pas de tristesse ni de larmes.
“Aurais-je enfin passé le plus dur ?” murmure Jeanne.
Elle fait un bon de frayeur quand elle entend Livia lui réponde :
“ Je te le souhaite chère amie ! “
“J’ai encore parlé à voix haute ? s’esclaffe Jeanne ! Ça va finir par me jouer de vilains tours, cette manie !”
“J’allais fermer la boutique et je t’ai vu arriver du bout de la rue, alors je t’attendais. Tu étais plongée dans tes pensées, j’ai eu peur que tu ne trouves pas l’entrée de l’immeuble “ dit Livia et ses yeux rieurs.
“ Pas de risque, j’aime trop cet endroit ! Tu veux monter boire un verre ?” lui propose Jeanne.
“C’est gentil, mais j’ai une soirée Tinder. D’ailleurs,la prochaine fois tu m’accompagnes ! Je voulais juste te dire que j’ai rentré un nouveau fil pour tes tricots, un Mérino d’Arles avec des couleurs qui te plairont !” Livia embrasse Jeanne et part en courant, prise par le temps.
“Je passerai demain ! “ crie Jeanne à l’attention de son amie.
La nuit a été agitée, retrouver Rebecca met Jeanne dans tous ses états. Si pour elle tous ces changements ont été un véritable tsunami, elle ne sait comment sa fille les vit et elle craint sa réaction. Elle repense à sa colère quand Jeanne a annoncé la vente de l’appartement familial dans lequel Rebecca a grandi. Supportera-t-elle que sa mère ait si facilement pris ses marques à Ouistreham ?
Le quai de gare de Caen est bondé, Jeanne qui n’a plus d’enfant scolarisé n’avait pas réalisé que c’est un jour de départ en vacances. Elle se fraie péniblement un chemin et tombe nez à nez avec Rebecca. Jeanne sent tout de suite que le we va être très long …
“ J’ai cru que tu m’avais oublié Mam !” grogne Rebecca.
“ J’avais oublié que c’était les vacances scolaires, il y a un monde fou ! Et puis d'abord, bonjour ma chère fille !” ironise Jeanne
“Oui pardon, je suis sur les nerfs” gémit Rebecca en fondant en larmes
Jeanne prend sa fille dans ses bras “Qu’est-ce qui se passe ma poulette ? Tu es toujours sûre de vouloir venir t’installer à Ouistreham ?”.
“ Plus que jamais maintenant que je suis célibataire ! » hoquète Rebecca.
“Oh je suis désolée. Il faut que tu me racontes tout ça en détail. J’ai réservé chez “Boeuf & Cow”, ça devrait plaire à ma carnivore de fille, non ? Et si tu as du courage, je te ferai faire le tour de la ville, il y a tellement de merveilles : le château, l’Abbaye aux Dames, l’Abbaye aux Hommes. Toi qui aime tant l’histoire, tu vas te régaler !” raconte Jeanne d’un ton enjoué en dirigeant Rebecca vers la sortie.
Entre les larmes, la fille de Jeanne esquisse un sourire “J’avais peur de te trouver déprimée, mais en fait tu t’es parfaitement acclimatée, ça me fait plaisir !”
A peine attablées, Rebecca raconte la fin de son histoire d’amour avec Léo. Tout ce qu’il y a de plus banal. Une rencontre au cours d’une soirée étudiante, le geek et l’artiste ont un coup de foudre. L’installation, la lune de miel quelques années, puis la sensation de prendre chacun un chemin différent. Rupture douloureuse mais salutaire. Le départ à Ouistreham a sans doute amené Léo à la réflexion. “J’ai un peu extrapolé son envie de me suivre ! Avec son activité, il peut travailler n’importe où, mais Léo est casanier et ne se voit pas quitter Tours, sa famille et nos potes. J’ai parié, j’ai perdu ! Mais mieux vaut ça que se réveiller avec 2 gosses et un divorce ! A moi Tinder !” ironise Rebecca avec une pointe de tristesse dans le regard.
“Mais qu’est-ce que vous avez toutes avec Tinder ! Ma mercière avait un “date” comme elle dit hier soir ! Vous ne pouvez pas rencontrer des personnes dans la vraie vie ?” s’étonne Jeanne.
“Toi tu as rencontré quelqu’un Mam, raconte !!!” la taquine Rebecca.
Jeanne s’étonne de la réaction de sa fille. Parler librement d’un potentiel nouvel homme dans la vie de sa mère alors qu’elle chérissait tant son père … Jeanne en bafouille “ N… Non je n’ai rencontré personne, enfin si l’agent immobilier qui m’a trouvé mon appartement. Mais il est juste très sympathique. Et puis je ne suis pas capable de remplacer ton père” murmure Jeanne retenant ses larmes.
“On ne te demande pas de remplacer Papa ! Mais tu as le droit de vivre ta vie, personne n’a à te dicter ta conduite !” éructe Rebecca avec sa délicatesse légendaire ! “ Samedi prochain, “date” Tinder en trio avec Livia, basta ! Bon tu me la fais visiter cette ville ? ”
Sidérée par la réaction de sa fille, Jeanne ne pipe mot et l’entraîne vers le Château de Caen.
Ouistreham avec Marine, Rebecca et Livia promet de sacrés moments !
Le texte lu par ici.