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Cilou et ses aiguilles

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byDamouredo

1 mai 2021

EXERCICE D'ECRITURE !

Cette idée me trottait dans la tête depuis belle lurette.

Finalement la semaine dernière, j'ai lancé l'idée sur Insta, en proposant à mes abonné.es de m'offrir un mot.

Les mots récoltés seraient la "matière" destinée à écrire un texte.

 

 

 

Les mots généreusement offerts :

Bidouiller ~ Pluie ~ Pivoines ~ Légèreté ~ Amour ~ Solaire ~ Alizés ~ Bonheur ~ Partage ~ Fleur ~ Tournebouler ~ Sucrerie ~ Doudou ~ Eucalyptus ~ Amitié ~ Géniale ~ Passeport ~ Douceur ~ Douleurs ~ Hôpital ~ Naissance ~ Création ~ Sérénité ~ Balbutiements ~ lune ~ Bienveillance ~ Pastèque ~ Enfance ~ Nouveau ~ Couleur ~ Nuage ~ Rigolade ~ Courage ~ Etoile ~ Harmonie ~ Jouer ~ Musique ~ Décolleté ~ Bus

D'autres sont arrivés après le délai, je les ai malgré tout intégrés à mon texte :

Guitare ~ Espérance ~ Gourmandise ~ Sourire

 

 

 

Utiliser ces mots peut paraître contraignant et pourtant, vou allez vous rendre compte qu'ils sont une vraie source de créativité !

Comme la vidéo le précise, l'idée est de faire un texte avec ces mots, mais surtout de le partager.

La première fois que j'ai du lire mon texte lors d'un atelier d'écriture, j'ai bien cru que j'allais me liquéfier ou faire une crise cardiaque...

Dévoiler mon récit, lire sans bafouiller, sans trémolo dans la voix, ne pas oublier de respirer, sentir le regard de l'animateur et des participants posé sur moi malgré leur bienveillance ( parce qu'ils étaient autant terrifiés que moi à l'idée de lire leur texte !!! ) ...

C'était bien avant que je ne tente l'aventure Théâtre, je me demande même si ça n'a pas été le déclencheur de mes envies de scène, pour gagner en aisance !

Bref, je conçois sincèrement la difficulté de l'exercice.

Peut-être pour cette fois, lisez le à votre chat ?

 

Votre chat, lui, vous aime d'un amour inconditionnel, il se fout des fautes et des phrases sans queue ni tête !

Parce que ce qui fait peur dans l'exercide de partage, c'est le jugement.

Que vont penser les autres de notre texte ?

Alors qu'en fait, le but, c'est juste d'écrire, parce que plus on écrit, plus cela devient naturel.

L'autre n'est pas là pour juger mais pour prendre acte que tu as fait l'exercice.

Et dans ce regard, tu ne dois rien lire d'autre que : "Putain, BRAVO, tu l'as fait !!!! "

Des précisions qui paraîtront peut-être évidentes mais ça va mieux en le disant malgré tout :

Ecrivez comme vous le sentez : stylo bille, stylo encre, pc, tablette, téléphone, ne vous rajoutez pas une difficulté inutile !

Tu as peut-être un stylo fétiche ? Alors GO !

Imprégnez-vous des mots tranquillement, ne vous mettez pas la pression, ne vous dites pas "Il FAUT que je fasse un texte". 

Lisez, relisez vos mots, dessinez, laissez vagabonder votre pensée.

Une idée s'y accrochera et de fil en aiguilles, vous déroulerez la pelote de mots pour en faire une histoire.

Votre vie ne dépend pas de ce texte, c'est un JEU si je puis dire, l'idée est de s'amuser sans pression !

L'idéal est de faire le texte dans la foulée de la lecture des mots et de ne pas revenir sur le texte avant de le partager mais encore une fois ça doit rester un plaisir et les règles sont faites pour être interprétées !

Je te laisse faire de ces mots un récit ou un poème - ca va être compliqué pour un haiku !!! - un texte quoi !

Je te partage le mien, mais je te conseille d'abord d'écrire le tien pour ne pas être influencée par le mien - ce qui est tout à fait humain ! -, ça pourrait court-circuiter tes idées !

La date limite est Lundi 3 Mai, je n'ai évidemment pas pu attendre !!!

Si jamais tu voulais participer, tu peux partager où tu le souhaites - IG, Blog, FB -,  en me taguant pour que j'ai le plaisir de lire ton texte, et si tu n'as rien de tout ça, je te propose de le publier pour toi ici.

Ce qui à chaque fois m'épate dans ce genre d'exercice c'est la variété infinie des genres. 

Personnellement, j'ai une "plume" assez reconnaissable, des récits mettant en scène plusieurs personnages, avec beaucoup de descriptions.

A vous de jouer, enfin d'écrire !

Et comme je suis un peu "Madame Plus", vous aurez mon texte en lecture et en vidéo !

Jeanne est heureuse, aujourd’hui elle voit Rebecca, sa fille. Sa présence empreinte de bienveillance va lui mettre le baume au cœur dont elle a terriblement besoin depuis le décès d’Eric, l’amour de sa vie depuis 30 ans. Cela fait déjà 3 lunes qu’il a rejoint les étoiles, 3 lunes que son sourire lumineux a mis définitivement les voiles.

Stop ! s’interpelle Jeanne à haute voix, Eric ne voudrait pas que je m’enfonce dans la mélancolie ! Zou, en cuisine pour préparer la salade préférée de Rebecca : pastèque, feta et basilic avec un filet d’huile d’olive ! De la couleur pour chasser les nuages et la pluie !” 

Driiiiiiiiiiiiiing !

Salut Mom !” lance Rebecca, cachée derrière un énorme bouquet d’Eucalyptus et de pivoines, les fleurs préférées de Jeanne. Le bouquet a bien failli rendre l’âme dans le bus quand le chauffeur a freiné comme un fou furieux pour éviter un piéton inconscient ! Les deux femmes se serrent fort dans les bras, les mots sont inutiles. Mais aujourd’hui, Rebecca ne tient pas en place. C’est un être solaire et rieur, toujours la banane mais aujourd’hui, elle est particulièrement enjouée !

Alors qu’elles entament la salade, Jeanne lui dit avec un ton gentiment moqueur C’est la gourmandise que je t’ai préparée pour le dessert qui te met en joie  ?!”

Même pas, lui répond Rebecca, j’ai arrêté les sucreries depuis une semaine !”

Ce sont tes projets professionnels ?!” questionne, de plus en plus curieuse Jeanne.

Non plus ! Je suis encore aux balbutiements de mon projet ! Dire qu’hier, je bidouillais quelques doudous pour les bébés de mes copines dans mon atelier et que bientôt, je vais vendre mes créations. J’ai hâte de déposer les statuts de ma société et d’ouvrir mon site ! J’en suis littéralement tourneboulée ! Tu déteins sur moi Mom, je me mets à causer comme en 1812 !!!”

C’est génial, je suis tellement heureuse pour toi ma louloutte” répond Jeanne.

Jeanne se remémore avec émotion la naissance de Rebecca. Pas d’hôpital, une jolie petite clinique avec un personnel à l’écoute. Un accouchement en douceur, sans douleur. Rebecca était un bébé facile à vivre, son enfance s’est déroulée dans l’harmonie, entre 2 parents qui s’aimaient, se respectaient et partageaient tout de la vie domestique. Un vrai bonheur de carte postale.

Cette douceur de vivre a construit Rebecca en lui donnant cette confiance en l’avenir, cette espérance que rien n’entrave, Rebecca vit la vie avec légèreté, sans gravité, mais en étant toujours prête à se retrousser les manches avec courage et détermination quand la situation l’impose. La rigolade ok, mais pas que !

Dis Mom, tu es partie où ?!, s’inquiète Rebecca, tu es bien pensive !”

Elle veille attentivement sur sa mère, elle voudrait pouvoir chasser la tristesse qui obscurcit souvent son regard depuis quelque temps, tristesse dont elle connaît trop bien la cause, parce qu’elle aussi, vit difficilement le départ de ce père adoré.

Elle le revoit dans le salon, jouer du Brassens avec sa guitare, la même depuis l’adolescence, autant dire qu’elle accusait des kilomètres au compteur ! Rebecca l’accompagnait au piano. La musique était leur passion commune. A Eric la transmission des notes et des accords, à Jeanne celle des points  de bourdon, de tige et de feston ! Ce partage permanent de savoirs était une vraie richesse, Rebecca leur en serait éternellement reconnaissante ! 

Oh rien, enfin si, je repensais à tout ce chemin parcouru depuis que tu es sortie de mon ventre !!! Et au fait, comment va lucie ? Une amitié vieille de 25 ans, qui a démarré à la maternité, ça s’entretient !”

Merci de me rappeler mon âge Mom !!! Elle va plutôt bien ! Mais à voir le décolleté vertigineux qu’elle porte ces derniers temps, elle est en chasse, la solitude lui pèse depuis sa rupture avec Cédric !”.

J’espère qu'elle trouvera chaussures à son pied ! Bon, si on arrêtait de tourner autour du pot, tu vas me dire pourquoi tu ne tiens pas en place sur ta chaise depuis que tu es arrivée ma Rebecca ?!” répond Jeanne avec un sourire malicieux.

ok, ok ! … Prépare ton passeport et un maillot de bain, je t’emmène là où tu rêves d'aller depuis des lustres !” s’esclaffe Rebecca.

Sous …. les alizées ?” bafouille, incrédule Jeanne 

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !

 

Et j'accueille sur ma page, Sophie qui a participé à l'exercice.

Voici sa production :

 

Rachel tendit sa valise au chauffeur,

  • Vite à Roissy s’il vous plaît

  • Bonjour, ma petite dame vous semblez bien pressée, ne me dite rien, je suis sure que vous allez chercher votre amoureux à l’aéroport ?

  • « Si tu savais » pensa Rachel en son for intérieur » …Non, j’ai un avion dans 2H30 et je n’aime pas arriver à la dernière minute

Le chauffeur la regarda avec bienveillance

- Pas d’inquiétude, j’ai expérimenté hier un itinéraire nouveau, nous y serons rapidement. Je vais vous mettre un peu de musique pour vous détendre, ma fille, la douceur de ma vie, ma fleur, mon bonheur, ma sucrerie, m’a laissé un CD qui s’appelle Sérénité. Elle est prof de yoga et me trouve trop stressé, elle me dit d’écouter ça le soir pour m’endormir en respirant je ne sais plus comment. J’avoue que moi tous ces trucs de Dalaï-Lama et compagnie, j’y crois pas trop mais j’le dis pas à ma princesse, plutôt m’arracher la langue, elle serait si triste mon Harmonie (en vrai elle s’appelle Josette mais c’est le nom qu’elle a pris depuis qu’elle donne ses cours). Comme dit mon ami Maurice, le soir rien ne vaut une bonne bière et un match de foot pour décompresser. C’est pour ça que je l’ai mis dans ma voiture pour les clientes comme vous. Fermez les yeux et relaxez-vous.

-Merci, je suis comme votre fille moi je crois à ces choses-là.

Après avoir vérifié une énième fois qu’elle avait bien son passeport dans son sac, Rachel s’enfonça plus confortablement dans le fauteuil de la Mercedes en louant silencieusement Harmonie- Josette qui lui permettait d’échapper à la conversation avec le chauffeur trop bavard et ferma les yeux.

Jamais elle n’aurait imaginé il y a seulement 3 jours qu’elle s’envolerait si vite pour le pays de de son enfance.

C’est l’annonce de la naissance du petit Arthur qui avait tout déclenché.

Elle avait rencontré Paul 18 mois plus tôt.

Une rencontre digne d’une scène de film. Un clair de lune, une pluie fine, la légèreté d’un soir d’été. Ils étaient tous les deux réfugiés sous l’auvent du Wepler en attendant une éclaircie. Il lui sourit et elle eut l’impression que les nuages noirs du ciel parisien changèrent de couleur pour devenir roses.

Et elle qui avait passer les derniers jours dans une espèce de brume opaque ; se souvenait aujourd’hui avec une émotion empreinte de douleurs des moindres détails de cette soirée : les magnifiques pivoines trônant dans un joli vase à l’entrée du restaurant, le Bus qui démarrant un peu vite arrosa au passage quelques passants provoquant cris et rigolades, le groupes d’adolescentes qui voulaient jouer aux grandes trop maquillées et trop habillées, leur serveuse qui s’appelait Alyzée et jusqu’aux pastèques vendues à l’entrée du métro de la station place de Clichy où elle était descendue quelques heures plus tôt pour aller au cinéma.

-Cette pluie à l’air de durer, il est tard mais je n’ai pas dîné, la brasserie ferme à minuit et leurs huitres sont merveilleuses. Je serai ravi que l’on partage un plateau, la voiture n’est pas loin, je vous raccompagnerai ensuite.

Rachel était tourneboulée…elle savait que Paris était la ville romantique par excellence, et que l’amour pouvait frapper à tous les coins de rue mais jamais elle ne s’était imaginé que cupidon la transpercerait ainsi, sous le porche d’un restaurant connu pour être le point de ralliement de la jeune garde de la littérature et du cinéma qui aimait s’y réunir pour discuter jusque tard dans la nuit de leurs créations.

Sa réponse ressembla selon elle à un balbutiement qui aurait pu être pris aussi bien pour un oui que pour un non. Mais Paul ne lui laissa pas le temps de se dérober. Il lui prit la main et l’entraina à l’intérieur.

Du champagne accompagnait les huitres et Rachel avait des étoiles plein les yeux, elle flottait sur un petit nuage.

Paul était de ses êtres solaires à qui il suffit d’apparaitre pour rayonner. Elle était prise au piège et n’eut pas le courage de résister quand il lui proposa de monter prendre un dernier verre en la raccompagnant chez elle.

Leur liaison dura un an et demi

. Il débarquait plusieurs soirs par semaine, souvent annonçant sa venue par un texto rapide. : « T’es là, j’arrive »

Ils sortaient dans des restaurants gastronomiques, des bars à la mode, passaient des WE à Deauville en Automne, Megève en hiver, Dinard au printemps et Saint Tropez l’été. Ils buvaient beaucoup, fumaient autant et faisaient passionnément l’amour. Ils parlaient énormément, de tout et de rien, mais jamais de l’essentiel…Paul était marié, Rachel l’avait compris dès le début mais son attirance pour lui était telle qu’elle ne voulait pas le savoir. Elle bidouillait avec sa conscience ressentant parfois comme un goût amer dans sa bouche, une sorte de gueule de bois qu’elle contrait assez vite à coup de vodka et nuits torrides dans les bras de son amant.

Harper dont l’amitié précieuse était aujourd’hui son seul lien depuis l’Australie lui avait envoyé un message laconique avec une de ces formules géniales dont elle avait le secret :« Tu chasses le mal par le mâle… ».

Cent fois elle avait voulu rompre, cent fois elle avait succombé au sourire ravageur de Paul, vivant l’instant présent intensément pour ne pas penser aux lendemains qui déchantent.

Puis il y eu ce whattsapp lundi : « j’ai passé la nuit à l’Hôpital américain, ma femme a accouché j’ai un fils mais ça ne changera rien entre nous »

La suite se déroula dans un brouillard, le coup de fil à Harper, les quelques formalités concernant son départ et surtout l’envoie à l’adresse de Paul, qu’elle avait réussi un soir bien arrosé à lui extirper, d’un doudou en forme de Kangourou autour du coup elle avait accroché le cœur en or que Paul lui avait offert le jour anniversaire de leur première rencontre et qui ne quittait jamais son décolleté (une basse vengeance qui lui avait fait du bien mais qu’elle regrettait presque maintenant) et elle se retrouva dans ce taxi direction son pays natal espérant panser ses blessures à l’ombre des eucalyptus qui bordaient le jardin d’Harper face au Pacifique.

 

J'accueille une seconde participante, N.

Voici son texte :

Depuis le matin, mes vieilles compagnes si profondément noires de ces dernières semaines lançaient leurs assauts. Le courage m’abandonnait peu à peu.
Le bonheur n’était décidément plus fait pour moi !


Pourtant, sa bienveillance habituelle l’avait guidé vers ce qu’il pensait être le havre de paix qui réussirait à tenir mes idées noires à distance : en effet, le jardin croulait littéralement sous les fleurs, et il savait combien celles de notre maison sous les alizés m’apaisaient. C’était il y a des siècles.

En cette fin de journée, l’air était chargé du parfum écœurant des pivoines, et, très étrangement, je repensais à l’eucalyptus du jardin de mes grands-parents. Le ciel était pour l’instant sans nuage. Je sentais sur ma peau nue la douceur exécrable de l’air printanier. Tout aurait dû m’apporter un peu de sérénité, et pourtant tout m’était insupportable…

 

Epuisée par ces heures de lutte, je m’installais sur la terrasse face aux collines vert tendre, aussi confortablement que possible dans le vieux fauteuil en osier, sous mes doigts gelés le petit doudou bleu qui restera éternellement neuf. Frissonnante, je laissais les souvenirs me submerger et m’emporter là où tout mon être refusait pourtant d’aller : les nuages prirent une teinte grisâtre, les fleurs se fanèrent, leurs couleurs s’estompèrent, la douleur se raviva au creux de mon ventre, les odeurs éthérées de l’hôpital … mon passeport vers un monde désormais sans joie.

Il n’y aurait jamais de sucrerie à interdire avant le diner, jamais de rigolades déclenchées par de folles batailles de chatouilles dans notre lit défait des dimanches matin, jamais de crêpes partagées, jamais de pastèque au jus dégoulinant le long des bras, dégustée pieds nus dans l’herbe du jardin, jamais de sodas bus en cachette, jamais de « oh s’il te plait… je peux jouer encore ? », jamais de salaire dépensé pour t’emmener voir le monde.

Il n’y aurait pas non plus de nouveaux poèmes à apprendre, pas de nouvelle amitié à célébrer, pas de pâte à modeler de toutes les couleurs, bidouillée les mercredis pluvieux ni de créations de nouilles forcément géniales pour la fête des mères.

Exit ma vie tourneboulée par ta naissance en fanfare, par ton enfance que j’imagine forcément joyeuse. Nos vies à venir, l’une et l’autre disparues avant même d’exister. L’harmonie de notre trio, mille fois imaginée mais à jamais évaporée.

 

Je le sentis soudain derrière moi. Mon roc, mon meilleur ami, mon étoile, mon amour
Le parfum de sa peau le précédait. Je fermais les yeux. Sa main, toute en légèreté, attentive, me caressa longuement la nuque, glissa délicatement sur ma gorge et mon décolleté. Je sais qu’un seul frisson de ma part lui aurait suffi pour suspendre son geste mais, à bout, et contre toute attente, mon corps tout entier appelait la chaleur de sa paume.

 

Tout près, quelqu’un écoutait une musique douce.

Son corps et l’orage soudain ont fini par suspendre mes douleurs, et tout mon être, reprenant enfin son souffle, entendit au loin mais si clairement, les balbutiements de ma vie d’après.

 

 

Je viens de recevoir un nouveau texte, pour mon plus grand plaisir :

 

Angèle, comme à son habitude, sort de son jardin par le portillon du fond pour rejoindre la forêt où elle a coutume de se promener quand l’envie lui prend de s’aérer l’esprit. C’est un bonheur quotidien pour elle de vivre dans cette commune boisée et calme. Elle y vit depuis sa naissance à l’hôpital voisin. Elle y occupait un logement un peu impersonnel lorsque ses parents sont décédés à peu de temps d’intervalle. Elle avait, alors, racheté leurs parts à ses frères pour revenir s’installer dans cette vieille maison en pierres qu’elle aimait tant. Elle avait quitté son petit appartement avec légèreté et déposé ses quelques meubles dans sa maison d’enfance avec pour projet de l’investir totalement. Elle s’était sentie pleine de courage pour tout retaper, pour mettre de la couleur sur des murs à la mode d’une autre époque. Elle voulait faire revivre le jardin à l’abandon, y planter ses pivoines adorées et y cultiver ses légumes. Elle avait acquis quelques poules auprès d’un fermier des environs et se régalait de leurs œufs.

Son objectif du jour c’était de trouver des champignons. Elle en cherchait régulièrement et la pluie de ces dernières semaines avait dû les faire pousser suffisamment pour qu’elle puisse s’en faire une bonne poêlée à son retour chez elle. Elle espérait en trouver assez en peu de temps. Les nuages menaçaient et elle ne voulait pas y passer des heures. Elle commença sa marche d’un bon pas avant de s’enfoncer dans le sous-bois où elle allait davantage regarder le sol pour distinguer les champignons des feuilles mortes. Le silence de la forêt lui permettait d’atteindre une sérénité qui lui faisait très souvent défaut quand elle était au travail. On ne peut pas dire qu’elle aimait encore sa profession. Après des balbutiements intéressants elle s’en était vite lassée. Elle n’y avait pas lié d’amitiés, ce n’était pas la franche rigolade sur place. Elle avait besoin de création dans sa vie, elle aimait bidouiller pour s’occuper dans ses moments de loisirs. Mais dans son travail, aucune initiative à mettre en place, un chef intransigeant, sans aucune bienveillance, qui avait plutôt tendance à regarder dans son décolleté quand il s’adressait à elle, ce qui la mettait très mal à l’aise, pas de partage possible avec ses collègues à propos de ce qui l’animait réellement. Elle n’avait pas trouvé l’Amour, ni l’Amitié avec un grand A tous les deux, auxquels elle rêvait pourtant et, au fil du temps, sa solitude lui était devenue une confidente indispensable et suffisante.

Au fur et à mesure qu’elle s’enfonçait dans le sous-bois, le ciel s’obscurcissait et le nuage menaçant qu’elle devinait au-dessus de sa tête lui faisait craindre le pire. Mais elle ne savait plus vraiment où elle était dans ce nouveau coin de forêt où elle espérait trouver une nouvelle récolte de cèpes. Le temps passait, le soir tombait, et elle avançait toujours au hasard. Elle aperçut bientôt une étoile, puis la lune et commença à désespérer de retrouver son chemin. Elle pensait pourtant connaître assez bien cette étendue boisée qu’elle arpentait depuis des années. Quelque chose lui semblait étrange, comme si sa forêt s’était transformée. Dans le noir elle se sentit obligée de s’arrêter, incapable de savoir où se diriger. Elle s’assit contre un arbre, s’imaginant devoir y passer la nuit, avec la crainte d’avoir froid ou d’être mouillée même si elle était bien vêtue en ce début d’automne un peu frisquet.

Un rayon solaire vint frapper son visage et elle ouvrit les yeux dans un étrange bois d’eucalyptus, apercevant une fleur d’hibiscus à la lisière des arbres, un léger alizé soulevait ses cheveux avec douceur, une musique suave flottait dans l’air, la température était celle d’un été au cours duquel pousseraient des pastèques. Où était-elle donc allée sans le savoir ? Est-ce qu’un vilain farfadet avait voulu lui jouer un tour ? Elle n’avait pas pu marcher si loin, si longtemps… Malgré ses douleurs dans les mollets et les pieds elle n’avait pas parcouru tant de kilomètres. Elle était si loin de chez elle. Comment allait-elle rentrer ? Elle n’était quand même pas dans un dessin animé de Miyazaki. Pas de chat-bus ou de château ambulant à l’horizon. Elle n’avait du reste pas son passeport pour le Japon. Complètement décontenancée, paralysée par l’inquiétude, elle n’arrivait pas à se lever. Les minutes s’égrenaient l’une après l’autre sans qu’elle puisse se mettre en mouvement. Elle referma les yeux pour fuir cette vision qui, bien que géniale, ne pouvait que la tournebouler tellement elle lui semblait folle.

Le froid du petit matin la réveilla et la faible luminosité qui régnait lui fit prendre conscience que son rêve était terminé.

Elle rentra chez elle et, transie, se fit un chocolat qu’elle dégusta accompagné d’une sucrerie pour se réchauffer et se réconcilier avec la vie. Elle n’avait pas trouvé de champignons, mais le souvenir de son rêve, à la fois amer et doux, lui semblait tellement réel qu’elle se demanda si c’en était vraiment un.

 

Merci à toutes pour votre enthousiasme !

écrire

 

 

 

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Commentaires
F
vraiment sympas ces textes ! bravo !
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C
J'adore les ateliers d'écriture !
Répondre
R
Oh toute une bien belle histoire d'amitie entre mere et fille....sympa...;)
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